Contamination par les perturbateurs endocriniens

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Par la bouche, la peau, la respiration…

Nous savons que les perturbateurs endocriniens sont des substances présentes dans les poissons gras comme dans les emballages alimentaires, dans les peintures et les meubles, dans les crèmes de beauté et les parfums Vous pouvez consulter notre article sur les perturbateurs endocriniens dans l’environnement. Cela signifie que la contamination de l’organisme par les perturbateurs endocriniens s’effectue par plusieurs points d’entrée.

En effet, les perturbateurs endocriniens pénètrent dans nos organismes par de multiples voies : l’alimentation, l’eau de boisson, la voie orale donc, semble la source de contamination prioritaire ((80) p 5). Cependant, la voie aérienne, par l’inhalation de poussières, de gaz, de fumées contenant des perturbateurs endocriniens est une source de contamination importante, vis-à-vis des pesticides par exemple, tant en environnement agricole, que domestique. La voie cutanée procède par l’application de produits d’hygiène et cosmétiques, mais aussi l’usage de vêtements, et même le toucher des tickets de caisse en papier thermique. Certaines mesures de la vie quotidienne peuvent réduire sensiblement notre exposition aux perturbateurs endocriniens.

LA PEAU

Les textiles

Attention: des textiles importés de pays non européens contiennent des tensio-actifs interdits en europe comme des nonylphénols éthoxylés (NPE). Les imprimés en plastique, les bottes en caoutchouc, les vêtements imperméables peuvent contenir des alkylphenols et/ou des phtalates (90).

Des vêtements de sport et sous-vêtements peuvent contenir des substances anti-bactériennes, comme du triclosan ou des nano particules d’argent.

Les plastiques importés peuvent contenir des biocides (pentachlorophénol, tributylétain, diméthylfumarate), qui lors du rinçage contaminent les eaux usées.  Les vêtements neufs, dégagent parfois des substances dangereuses, notamment du formaldéhyde, à l’occasion du stockage en quantité des textiles importés. Il en va de même des revêtements de poussettes pour bébé. Dans tous ces cas, le lavage n’évacue pas tout ((87) p256).

Les contacts divers

Dans les poussières sédimentées, les résultats montrent que les phtalates sont les composés qui présentent les concentrations les plus fortes et les fréquences de détection les plus élevées parmi tous les composés recherchés. ((65) p 52).

La manipulation de tickets thermiques contenant du Bisphénol F ou S entraine une contamination par ces perturbateurs endocriniens tant pour les femmes enceintes travaillant en caisse que de manière générale pour les femmes enceintes manipulant des tickets thermiques ((65) p54). “Les enfants à naître de femmes enceintes manipulant des tickets thermiques, du fait de leur activité professionnelle et/ou de consommation sont à risque de développer une pathologie de la glande mammaire, du cerveau et du comportement, de l’appareil reproducteur féminin, du métabolisme (notamment obésité) » ((80) p 6) et ((65) p 47).

“Le BPS, le BPF, et le BPAP sont des substituts potentiels du BPA qui sont utilisés notamment comme révélateur dans les papiers thermiques”. ((65) p 35)

L’imprégnation par le Bisphénol A augmente avec la présence de linoléum dans le logement et l’indicateur du temps passé dans le logement (62).

Les produits d’hygiène et de beauté

Des filtres UV contiennent des conservateurs comme certains parabènes. La résorcine, utilisée dans les teintures capillaires, est probablement un perturbateur endocrinien (90).

Les muscs xylène et cétone sont des composés parfumants pouvant être utilisés dans tous les produits cosmétiques à l’exception des produits d’hygiène buccale. Ils sont utilisés avec certaines restrictions ((65) p 39).

L’évaluation de la toxicité des perturbateurs endocriniens se fonde aujourd’hui encore sur le rapport du Danish Hydraulic Institute de 2007 (DHI) (92) élaboré à la demande de la Commission européenne. Ainsi, le DHI a constitué une liste de 428 substances scindée en quatre catégories. Sur celle-ci, 269 substances prioritaires classées en catégorie 1 et 2 ont été retenues par l’INSERM ((65) p 15).

Le 4-méthylbenzylidène camphor est un filtre ultraviolet (UV). Il peut être utilisé dans les produits cosmétiques à la concentration maximale de 4%. Le 4-MBC a fait l’objet de plusieurs avis du CSSC (91) Comité Scientifique pour la Sécurité des Consommateurs) l’incriminant, initialement, en tant que perturbateur endocrinien en raison d’effets oestrogéniques observés dans des tests in vitro et in vivo (test utérotrophique) puis en raison d’effets thyroïdiens observés chez le rat86.  Aussi, le 4-MBC est suspecté d’être un perturbateur endocrinien d’après le rapport DHI qui le classe en catégorie 1 ((65) p 40).

La benzophénone-3 ou oxybenzone  est un filtre ultraviolet (UV) pouvant être utilisé dans les produits cosmétiques à la concentration de 10%. La benzophénone-3 n’est pas classée comme toxique pour la reproduction (89) cependant elle est suspectée d’être un perturbateur endocrinien, d’après le rapport DHI ((92) p 18). En effet, dans ce rapport, la benzophénone-3 est classée en catégorie 2 sur la base d’une faible activité sur les récepteurs oestrogéniques alpha. ((65) p 40)

L’OMC (OCTYL METHOXYCINNAMATE) est un filtre ultra-violet (UV) absorbant uniquement les rayonnements UVB90. Il peut être utilisé dans les produits cosmétiques à la concentration de 10%. Une étude (91) a mis en évidence les effets oestrogéniques de certains filtres UV utilisés dans les produits cosmétiques dont l’OMC.  L’OMC produit une contamination par un perturbateur endocrinien de catégorie 1 dans le rapport DHI (92). La plupart des études relatives au potentiel perturbateur endocrinien ne permettent pas de retenir une dose sans effet. ((65) p 40)

Les parabènes sont utilisés dans les produits cosmétiques en tant que conservateurs afin de prévenir le développement d’agents bactériens et/ou fongiques ((65) p 40).

“Seules les substances inscrites sur une liste définie par la réglementation européenne (95) peuvent être utilisées comme conservateurs à des concentrations maximales fixées… Les études d’Oishi96 et de Darbre (97) ont respectivement montré un effet du propylparabène sur le système mâle reproducteur et détecté des parabènes sur les biopsies de tumeurs mammaires chez l’homme” ((65) p41).

« L’imprégnation par les phtalates augmente avec… l’utilisation de produits d’hygiène (cosmétiques, soins pour les cheveux et produits ménagers) et de peinture pendant la grossesse » (62).

 

LA BOUCHE

En moyenne, l’alimentation contribue majoritairement à la contamination par les perturbateurs endocriniens (84% pour la femme enceinte) ((80) p 5).

Exposition alimentaire aux métaux lourds

Une étude de l’Anses en 2013 (79) montre que par rapport à l’étude antérieure de 2005 (Leblanc et al., 2005 in (79)), l’exposition de la population est supérieure pour le cadmium, l’aluminium, l’antimoine, le nickel, le cobalt). Cette augmentation varie de + 25% (nickel) à + 400% (cadmium)… L’évolution des consommations alimentaires pourrait notamment expliquer ces différences. Pour le cadmium, les résultats soulignent la nécessité de mener des études complémentaires sur la contamination pour identifier les raisons des augmentations observées (produits céréaliers notamment). Pour d’autres contaminants (plomb, mercure et arsenic), les résultats montrent une diminution de la contamination par ces perturbateurs endocriniens de la population par rapport à 2005.

Pour quelques éléments, en particulier l’arsenic inorganique, le cadmium et le plomb, un risque ne peut être écarté pour certains groupes de consommateurs (Tableau 2). Il apparait nécessaire de réduire l’exposition à ces trois éléments, en particulier les contaminations des aliments identifiés comme contributeurs majoritaires:

–          plomb : eau, café, boissons rafraîchissantes sans alcool… ;

–          arsenic inorganique : eau, café, lait… ;

–          cadmium : pain et produits de panification sèche, pommes de terre…. ((79) p 9)

ANSES 2013 ((79) p 10)

 

Les contenants alimentaires

“La structure chimique commune aux composés de la famille des bisphénols leur confère des propriétés œstrogéniques.  Le BPS est un substitut potentiel du BPA qui sert dans la synthèse d’un intermédiaire (polyéthersulfone) qui est, par exemple, utilisé pour la fabrication de biberons et de vaisselle pour enfants à l’origine d’une contamination par les perturbateurs endocriniens.

Les BPB, BPM et le BPAF sont utilisés pour la fabrication industrielle des plastiques. Le BADGE, quant à lui est utilisé pour la synthèse de certaines résines époxydes pouvant être utilisées dans le revêtement intérieur de contenants alimentaires (boîtes de conserve, canettes)”. ((65) p 35)

 

Les phtalates des emballages plastique migrent vers les aliments en contact, notamment à l’occasion du chauffage, et les contaminent. « L’imprégnation par les phtalates augmente avec la consommation d’aliments riches en matières grasses susceptibles d’être en contact avec des matériaux contenant des phtalates (crème fraîche, glaces, entremets, etc. (62)

Les aliments transformés

Les additifs conservateurs E214 à E219, sont des parabènes; l’antioxydant E320, déclaré cancérigène par le CIRC (Centre International de Recherche contre le Cancer), sont présents dans les aliments transformés industriels et provoquent une contamination par les perturbateurs endocriniens.

Une enquête réalisée en 2016 par “Générations Futures” (21) a révélé la présence de résidus de pesticides dans les céréales muesli (non bio) commercialisées en France.

De façon identique à ce qui avait été conclu dans le cadre de l’expertise de l’Anses de 2013, il apparaît que la non consommation d’aliments conditionnés en conserve (scénario dit « 0% conserve ») réduit de moitié les expositions quelle que soit la population considérée. ((81) p 10)

 Les aliments

L’insecticide diméthoate présente des dépassements de la valeur toxicologique de référence (VTR) (93), qui définit un niveau de risque pour la santé humaine;  il est autorisé pour le traitement des vignes, cultures fruitières et légumières. Ces dépassements de la VTR sont associés à la détection du diméthoate dans des cerises et ne concernent que les forts consommateurs de cerises : le risque ne peut donc être écarté, d’une contamination per ce perturbateur endocrinien ((79) p17).

La contribution de la viande à l’exposition alimentaire totale des femmes enceintes, adultes et enfants est divisée par 3 en 2015 par rapport aux estimations antérieures ; ce qui correspond à la date d’interdiction du Bisphénol A dans tout conditionnement à vocation alimentaire. « Néanmoins, malgré cette tendance à la baisse des contaminations, des dépassements des repères toxicologiques sont observés pour la population des femmes enceintes. Le risque pour cette population ne peut donc pas être écarté » ((81) p 10).

Certains aliments contribuent de manière notable à l’exposition à plusieurs substances pour lesquelles un risque ne peut être exclu. Il s’agit soit:

–          d’aliments fortement contaminés mais consommés en quantité significative par des populations très réduites:

o   du thon, contaminé en méthylmercure  ((78 p 11),

o   des poissons gras,  contaminés en dioxines et PCB,

–          Pour ces aliments, il convient de limiter la consommation de ces produits à une portion par semaine pour limiter la contamination par perturbateurs endocriniens ((78) p 11).

–          Mais il peut aussi s’agir d’aliments qui ne sont pas nécessairement très contaminés, mais qui sont très consommés. Ainsi, pour quelques substances, les contributeurs majoritaires sont par exemple:

o   les céréales (cadmium, plomb, aluminium, DON et dérivés),

o   les produits qui en sont dérivés: le pain (cadmium, plomb, DON et dérivés) et les pâtes (aluminium),

o   le café chez les adultes (cuivre, arsenic inorganique et acrylamide),

o   le lait chez les enfants (plomb, zinc, arsenic inorganique). ((78) p 11)

Les eaux de boisson

Depuis le 1er janvier 2015, l’eau conditionnée dans des bonbonnes n’est plus une source d’exposition au Bisphénol A (BPA), interdit désormais dans tout contenant alimentaire. Sa consommation a été reconnue comme pouvant entraîner un risque « additionnel » pour l’enfant à naître de la femme enceinte exposée. ((80) p5).

Les résultats de multiples enquêtes conduites en France sur les eaux de surface et les eaux souterraines entre 2007 et 2012 ((65) p 30) ont montré “la présence de résidus de plusieurs composés de la famille des phtalates, le bisphenol A, trois parabènes et les cyanures (libres) au-delà du seuil de détection analytique, ainsi que des traces hormonales et médicamenteuses diffuses dans l’eau du robinet (20).

On retrouve également parmi les 30 premières substances des composées appartenant à la famille chimique des dioxines et furannes et des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), des retardateurs de flamme bromés, six composés à usage phytosanitaire ou biocide, trois résidus médicamenteux et hormones (kétoprofene, oxazepam et estrone) et trois substances industrielles. Parmi ces 30 substances, certains composés dépassent significativement le seuil de concentration de 0,1 μg/L, identifié comme un seuil de préoccupation. C’est le cas des phtalates, du bisphenol A, des parabènes, des cyanures et de l’acide amino méthyl phosphorique (AMPA)”  ((65) p30).

Phytoestrogènes d’origine alimentaire

Concernant les phyto-estrogènes, le risque d’une contamination par perturbateur endocriniens peut être écarté pour la population générale ((78) p 2).

Onze phyto-estrogènes, dont les principaux contributeurs sont les produits à base de soja, ont été mesurés dans l’étude 2013 de l’ANSES et détectés dans 20% des 3700 analyses (1 à 60% selon la substance considérée).  Certains adultes et enfants forts consommateurs de produits à base de soja (boissons au soja, desserts au soja, tofu, etc.) présentent des apports atteignant la limite maximale d’apport. Aussi, si le risque semble pouvoir être écarté pour la population générale, il ne peut l’être pour cette catégorie de consommateurs ((79) p15).

Cuisson au barbecue

Les résultats montrent une diminution générale de plus de moitié de l’exposition alimentaire à des Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP) en 2013, par rapport à l’estimation de l’ANSES réalisée en 2003. Les résultats indiquent que le risque lié à l’exposition aux HAP est notamment lié à l’usage de la cuisson au barbecue. Certains HAP comme le benzo[a]pyrène, étant cancérogènes génotoxiques sans seuil, le risque même très faible ne peut être considéré comme nul. ((79) p19)

Les HAP “présents dans la fumée de cigarettes, les marées noires, la viande grillée, les gaz d’échappement d’automobiles… sont de puissants toxiques provoquant des cancers, des altérations du système immunitaire, des risques cardiovasculaires, des diminutions de la fertilité chez l’homme et la femme, des malformations chez les nouveaux nés” ((87) p140).

 VOIE AERIENNE

La pollution de l’air ambiant (intérieur et extérieur) est également une source d’intoxication importante, de contamination par les perturbateurs endocriniens :

Air extérieur

–          fumées de combustion (gaz d’échappement, fumée de charbon de bois): HAP ((87) p 140).

–          Les lieux de transports: voies de circulation, tunnels, métros, trains, sont largement pollués ((87) p 195).

Air intérieur du logement

Substances incriminées

« Les métaux trace toxiques se retrouvent dans le milieu domestique, hors de l’alimentation. C’est le cas du mercure (dans les thermomètres et, surtout, dans les baromètres, toujours à l’air libre, et dans certains désinfectants), du plomb (certaines canalisations, peintures anciennes à la céruse, jouets) et du cadmium (contaminant apporté par les fertilisants, à savoir les phosphates) » (87 p133).

 Les composés organiques semi-volatils (COSV) sont des substances qui, à température ambiante, sont présentes dans l’air sous formes gazeuse et particulaire, mais également dans les poussières sédimentées au sol ou sur le mobilier. Ils font l’objet d’un nombre croissant d’études dans le monde. Les COSV proviennent par exemple des matériaux plastiques (phtalates), des ordinateurs et des textiles d’ameublement (retardateurs de flamme polybromés notamment), des détergents (muscs de synthèse) ou des traitements insecticides (pyréthrinoïdes). Ils peuvent aussi être utilisés dans des objets du quotidien ayant des propriétés antiadhésives ou antisalissures par exemple (perfluorés). Certains, comme les polychlorobiphényles (PCB), ne sont aujourd’hui plus autorisés, mais ils peuvent encore être émis par des joints d’étanchéité utilisés dans les années 70 et encore en place dans les bâtiments” ((82) p 2).

 –        poussières et solvants issus:

o    des revêtements de sol (BPA),

o   des meubles rembourrés (PBDE),

o   des peintures (alpkyphenols),

o   des meubles (Composés Organques Volatils, tels que formaldehyde, toluène, xylène, éthylbenzène, styrène…) (23).

Dans l’air des logements, les résultats de mesures dans la phase gazeuse montrent des concentrations plus élevées pour les phtalates (principalement pour le DiBP). Les résultats de mesures des autres composés sont pour la plupart inférieurs aux limites de quantification. Les phtalates sont aussi les composés majoritaires dans la phase particulaire de l’air. Le DEHP est le composé présentant les plus fortes concentrations ((65) p 52).

« L’imprégnation des femmes enceintes par les pyréthrinoïdes, seule famille de pesticides fréquemment retrouvée dans l’étude, augmente avec l’usage domestique de ces pesticides (insecticides, antipoux et antipuces), la consommation de tabac et d’alcool. L’analyse suggère également que la présence de certaines cultures agricoles à proximité du lieu de résidence est associée à une augmentation des niveaux d’imprégnation » (62).

Les peintures

Alors qu’un intérieur sain ne doit pas excéder 200 µg/m3 de COV (norme américaine), des peintures murales peuvent entraîner jusqu’à 350 000 µg/m3 le lendemain de l’application, certaines émettant encore entre 2000 et 25 000 µg/m3 deux semaines plus tard ((87) p 253) et entrainent une forte contamination par les perturbateurs endocriniens.

Les cosmétiques : Inhalation de sprays anti UV

L’inhalation de dioxyde de titanium contenu dans des produits de protection solaire en spray sur le visage doit être évitée selon l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de Santé (22);

Les meubles

Tant les meubles anciens que les meubles modernes peuvent être sources d’émissions nuisibles pour la santé. Pour les premiers, cela peut résulter d’un entretien intensif comme l’encaustiquage régulier et, pour les seconds, cela provient de leur matière même, souvent des panneaux de particules agglomérées, du lamellé-collé (la colle qui les maintient émettant, éventuellement pendant des années, du formaldéhyde dans l’air des pièces) ou du formica par exemple ((87) p 180.

En outre, tous les sièges modernes, qu’il s’agisse de ceux de l’habitat, des bureaux ou des divers moyens de transport comme nombre d’appareils (télévisions, ordinateurs…) sont imprégnés de retardateurs de flamme ((87) p 180), et suffisent pour une contamination par ces perturbateurs endocriniens.

« Il est prévisible que, lors d’un incendie, la mousse de polyuréthane de fauteuils émettra de l’acide cyanhydrique… C’est pourquoi les pompiers ne cessent de réclamer l’édiction de normes pour ce type d’ameublement » (87 p260).

Les tapis

« L’« UFC – Que choisir ? » s’est penchée sur le rôle des tapis comme éléments de la pollution de l’air intérieur (« Dérouler la pollution », n° 425, avril 2005) pour relever tout d’abord qu’il n’existe pas en France de labels de qualité « basses émissions » pour les revêtements de sol, à l’inverse de l’Allemagne, du Danemark et de la Finlande.

Les tests effectués par la revue ont mis en évidence que presque tous les tapis provoquent une contamination de l’air non négligeable durant parfois un mois après leur déballage.

Il peut s’agir d’émissions de composés organiques volatils, de formaldéhyde (au-delà de 200 µg/m3), de benzène (au-delà de 2 µg/m3), d’éthers de glycol ou d’ammoniac. Certains tapis peuvent émettre jusqu’à 770 µg/m3 de teneur en composés organiques volatils et semi-volatils trois jours après leur déballage, et presque deux ou trois fois ce taux juste après leur déballage.

Surtout, la plupart des tapis nécessitent une exposition à l’air libre durant deux à trois semaines après leur achat » ((87) p 181).

« Il existe des tapis aux motifs décoratifs spécialement conçus pour les enfants mais qui nécessitent, sans que cela soit indiqué, un mois d’aération avant installation tant leurs émissions de composés organiques volatils et d’ammoniac sont intenses » (87 p181).

Il est nécessaire de stocker un minimum de temps du parquet flottant avant sa mise en vente, du fait de l’émission de formaldehyde ((87) p251).

Les désodorisants d’intérieur

En décembre 2004, l’« UFC-Que choisir ? » (n° 421, décembre 2004) a lancé une alerte sur les désodorisants d’intérieur qu’elle a qualifiés de « polluants d’ambiance ». Les tests effectués ont mis en valeur l’émission de substances dangereuses parmi lesquelles :

–          des muscs artificiels soupçonnés d’une contamination par ces perturbateurs endocriniens (altone, galaxolide, tonalide, traseolide),

–          des phtalates soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens (diéthylphtalate),

–          du benzène, hydrocarbure cancérogène impliqué dans les leucémies et les lymphomes,

–          du formaldéhyde, gaz irritant et cancérogène certain,

–          du styrène et du naphtalène, cancérogènes possibles pour l’homme,

–          du toluène, hydrocarbure aromatique neurotoxique ((87) p 185)

Brûler de l’encens provoque l’émission par cette combustion de benzène, de formaldéhyde et de phtalates, tous produits dont l’inspiration peut s’avérer dangereuse pour la santé.

Le Papier d’Arménie dégage du formaldéhyde et du benzène ((87) p 185).

Les produits ménagers

Les nettoyants multi-usages

L’« UFC- Que choisir ? » a analysé en 2004, dix-huit produits d’entretien multi-usages commercialisés en France et a constaté que certains polluaient gravement l’air intérieur des habitations ((87) p 186).

« En effet, douze des dix-huit produits émettent encore plus de 500 µg/m3 de composés organiques volatils quatre heures après leur application et deux (les nettoyants multi-usages au savon de Marseille de marque Ajax et de marque Saint Marc) des dix-huit produits émettent encore près d’1 mg/ m3 de COV quatre heures après leur application… au lieu de 200 µg/m3 (norme aux États-Unis d’Amérique).

Il s’agit là de niveaux d’exposition élevés, et même très élevés dans le second cas, montrant que l’utilisation normale d’un produit d’entretien peut contribuer de manière importante à la pollution de l’air intérieur » ((87) p 186).

Les lave-vitres

« UFC – Que choisir ? » en 1995 a testés des lave vitres et révélé la présence d’éthers de glycol notamment.

Les placards de rangements

Quelques substances et les produits en contenant sont à éviter :

– éthers de glycol (nettoyants pour vitre, dégraissants, savons liquides) ;

–  soude caustique (déboucheurs d’évier, décapants de four) ;

–  trichloréthylène (détachants, etc.) ;

– toluène (désodorisants d’air intérieur) ;

– hydrocarbures aromatiques (cires liquides) ;

– paradichlorobenzène (blocs désodorisants pour les cuvettes de toilette) ((87) p 187).

L’armoire de salle de bains

Ce placard contient des laques, des teintures, des vernis, des dissolvants, des parfums dont les émissions sont parfois très présentes dans l’air intérieur.

Parmi les substances volatiles se retrouvant dans des produits utilisés pour la beauté (toilette, soins des cheveux et des ongles, maquillage) et pouvant provoquer une contamination par les perturbateurs endocriniens, figurent néanmoins :

des cétones (dissolvants de vernis à ongles),

– des parabènes,

– des éthers de glycol,  ((87) 188).

Le local du bricoleur

Parmi les substances se retrouvant dans des produits utilisés pour le bricolage ou la mécanique et pouvant présenter des dangers pour la santé figurent :

– des éthers de glycol (colles, encres, peintures, vernis…),

– du formaldéhyde (colles des bois agglomérés, des moquettes, des mousses isolantes urée-formol et autres revêtements de sol, des revêtements muraux…),

– des cétones (dissolvants, dégraissants),

– et des terpènes (essence de térébenthine).

De plus, là encore, la localisation même de ce placard dans l’habitat – souvent situé dans le garage attenant à la cuisine…- peut constituer, en elle-même, un facteur aggravant ((87) p 189).

Le local du jardinier

Parmi les substances se retrouvant dans des produits phytopharmaceutiques utilisés pour le jardinage amateur, comprenant l’entretien des plantes d’appartement, et pouvant présenter des dangers pour la santé, figurent nombre d’insecticides, d’herbicides et de fongicides ((87) p 190).

« De plus, certains logements sont multi pollués. Tel est le cas en particulier de ceux possédant des garages communiquant avec les habitations, qui ont montré des niveaux de concentration en polluants supérieurs à l’ensemble des logements et pourraient constituer un facteur de risques pour les logements attenants, notamment du fait de leurs émissions de benzène ».(87 p192)

Habitacle automobile

« En plus de la pollution provenant de l’air extérieur, existent des pollutions générées par le véhicule lui-même ou ses passagers : émissions de COV des matériaux du véhicule neuf ou des produits utilisées pour le nettoyer, de particules diffusées par les circuits de climatisation et de chauffage plus ou moins bien entretenus sans parler des retardateurs de flamme divers imprégnant nombre des éléments de l’habitacle ou encore des comportements des passagers (tabagisme, usage de désodorisants d’intérieur).  Enfin, la bonne odeur de neuf résulte, tout comme dans l’habitat, des émissions de matériaux, colles et solvants non encore dissipées ». ((87) p 206).

Air intérieur des salles de classe

« Les enfants, quant à eux, risquent de subir ces émissions de polluants dès la crèche, la maternelle ou l’école primaire du fait d’un mobilier tout neuf fortement émissif en formaldéhyde éventuellement placé dans des établissement scolaire récemment achevés qui ont pu être considérés comme des lieux modèles (aux normes de haute qualité environnementale)… jusqu’à la veille de leur ameublement » ((87) p 180).

D’après une étude conduite par l’observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI) dans des écoles maternelles et primaires (82),  les composés présentant les plus fortes concentrations quel que soit le milieu de prélèvement (air ou poussières) sont 6 phtalates et dans une moindre mesure 2 muscs. Ces concentrations pourraient être associées à la présence importante de sols plastifiés dans 48 % des salles de classe. ((82) p 3)

Le pyrène et le benzo(a)pyrène sont les hydrocarbures aromatiques polycycliques les plus souvent observés dans la poussière car ils sont peu volatils. Leur principal déterminant dans les écoles est la proximité du trafic routier.

Ces résultats confirment la présence de nombreux COSV (composés organiques semi-volatils) dans l’air et les poussières des écoles maternelles et élémentaires. ((82) p 3) Ils entrainent une contamination par les perturbateurs endocriniens.

L’analyse des compositions des milieux intérieurs a montré la présence très fréquente d’isothiazolinones dans les fournitures scolaires, non mesurées dans les émissions car non volatiles. Les isothiazolinones sont des conservateurs présents dans d’autres types de produits de consommation (lingettes par exemple) et dans les cosmétiques (82).

L’impact des fournitures scolaires et des produits d’entretien sur la pollution de l’air des salles de classe n’avait encore jamais été étudié. L’OQAI a, pour la première fois, évalué les émissions de composés organiques volatils (COV) et d’aldéhydes de quelques fournitures et produits d’entretien (82).

Les résultats des tests d’émission montrent que de nombreux COV (Composés Organiques Volatils) sont émis, qu’ils sont très variés selon les produits testés… Certaines fournitures scolaires testées, comme la peinture acrylique, l’encre de Chine, le feutre effaçable à sec, la gouache liquide et la peinture vitrail, appellent à la prudence car des émissions en COV et/ou en aldéhydes élevées ont été mesurées ((82) p 4).

Le confinement, courant dans les salles de classe où prévaut le souci de protéger les enfants du froid, est un facteur aggravant de la concentration de ces produits dans l’air des salles de classe.

En conclusion de ce volet consacré aux sources d’exposition des adultes et des enfants aux perturbateurs endocriniens, il apparaît clairement que la réduction des contacts avec ces substances, de natures orale, cutanée et respiratoire nécessite une stratégie de la part du citoyen, éclairé et décidé, qui prend en compte les différents aspects de l’organisation de l’habitat, des choix alimentaires, et une sélection spécifique des produits d’hygiène. La sphère privée est le domaine où nous pouvons arbitrer et agir sans attendre la mise en place d’hypothétiques réglementations.

Le prochain volet aborde la question du mode d’action spécifique des perturbateurs endocriniens, qui bousculent les usages académiques de la toxicologie et dont l’analyse requiert de nouvelles méthodes, de nouveaux modèles de précaution.

Références bibliographiques

62/ http://www.santepubliquefrance.fr/Actualites/Exposition-des-femmes-enceintes-francaises-aux-polluants-de-l-environnement-Tome-1-les-polluants-organiques/Questions-Reponses

63/ http://www.senat.fr/dossier-legislatif/ppl10-486.html

64/ https://www.politis.fr/articles/2017/10/perturbateurs-endocriniens-que-va-faire-le-parlement-europeen-37678/

65/ http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/144000689.pdf

66/ http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/222/expcol_2011_reproduction_Vc.pdf?sequence=1447

67/ https://www.anses.fr/fr/content/composés-perfluorés-une-première-campagne-nationale-de-mesure-dans-les-eaux

68/ https://www.anses.fr/fr/system/files/PRES2013CPA09.pdf

69/ http://www.santepubliquefrance.fr/Actualites/Exposition-des-femmes-enceintes-francaises-aux-polluants-de-l-environnement-Tome-1-les-polluants-organiques/Questions-Reponses

70/ https://presse.inserm.fr/wp-content/uploads/2013/06/DP-EC-pesticides-def-web1.pdf

71/    http://www.invs.sante.fr/agenda/biosurveillance_2008/programme_en.htm

72/ https://ehp.niehs.nih.gov/doi/10.1289/ehp1314

73/ https://substitution-bp.ineris.fr/fr/actualites/200-substances-structure-chimique-proche-bisphenol-seraient-susceptibles-se-trouver

74/ https://echa.europa.eu/documents/10162/13577/ref_4_report_en.pdf/b53f5cd9-64a4-c120-1953-e9e176b9c282

75/ https://www.echa.europa.eu/fr/web/guest/home

76/ https://echa.europa.eu/fr/regulations/reach/understanding-reach

77/ https://echa.europa.eu/fr/substances-restricted-under-reach

78/ https://www.anses.fr/fr/system/files/PRES2011CPA20.pdf

79/ https://www.anses.fr/fr/system/files/PASER2006sa0361Ra2.pdf

80/ https://www.anses.fr/fr/system/files/CHIM2009sa0331Ra-0.pdf

81/ https://www.anses.fr/fr/system/files/ERCA2015SA0256.pdf

82/http://www.oqai.fr/userdata/documents/432_Bulletin_OQAI5_Ecoles.pdf

83/ http://www.oqai.fr/ObsAirInt.aspx?idarchitecture=182

84/ https://www.anses.fr/fr/system/files/CONSO2013SA0176Ra.pdf

85/ https://www.env-health.org/wp-content/uploads/2018/06/health_costs_report_edcs.pdf

86/ https://substitution-bp.ineris.fr/sites/substitution-bp/files/documents/bisphenol-fev2016.pdf

87/ https://www.anses.fr/fr/system/files/SUBCHIM2016SA0133.pdf