Plantes et immunité

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Quelles sont les plantes qui peuvent améliorer l’immunité ?

De nombreuses plantes présentent des propriétés stimulantes pour l’immunité, au moins in vitro, ou sur l’animal. Des études sur l’homme manquent à la plupart des plantes pour une évaluation selon les critères de la médecine en fonction des preuves. Mais une longue expérience de leur usage dans certaines traditions apporte une caution clinique qui n’est pas négligeable.

Le champignon Shiitake Ce champignon permet d’augmenter l’activité des lymphocytes NK, les « cellules tueuses » activées dans la réponse immune antivirale. On le trouve sous forme de complément alimentaire[1].

Le Ginseng a des effets stimulants sur toutes les cellules immunitaires[2].

L’Ashwaganda possède une action stimulante sur l’immunité, et augmente le nombre de globules blancs capables de se battre contre les agressions extérieures[3].

La Rodhiola est un adaptogène qui améliore la réponse de l’organisme au stress[4]. Elle a également un effet spécifique sur l’immunité innée, selon des études in vitro[5].

L’Eleuthérocoque[6]semble réduire la durée des rhumes, selon des études in vitro[7].

Le Sureau Des études in vitro, en laboratoire, ont montré que le sureau inhibait la réplication et l’hémagglutination des virus de la grippeInfluenza A et B, et H1N1.A condition d’être utilisé dès les premiers symptomes, le sureau raccourcit la durée de la grippe. On manque d’éléments pour fixer une posologie adéquate, et les compléments alimentaires sur le marché montrent une variation de 1 à 2000 dans les doses proposées, qui justifie la plus grande prudence.

L’Ail L’ail a montré en laboratoire une capacité à inhiber certains virus de grippe et de rhumes, et une étude clinique suggère que l’ail peut prévenir le rhume. En revanche, on ne dispose d’aucune preuve à ce jour, que l’ail pourrait prévenir ou traiter la COVID-19.

Le Maca[8] stimule les réactions de défense immunitaire. Cette plante est par ailleurs exceptionnellement riche en molécules antioxydantes et anti-inflammatoires, et a montré une activité en prévention et en traitement, contre les infections virales et bactériennes.

L’Astragalus L’astragale est une plante traditionnellement utilisée en Chine pour renforcer l’immunité et traiter les rhumes. Des études en laboratoire et sur l’animal montrent que certains composants de l’astragale, comme les astragalosides augmentent la production de globules blancs, notamment les cellules T et les macrophages[9]. Elle présente également des effets anti-inflammatoires et anti-viraux, notamment contre une variété de coronavirus responsables de grippe aviaire[10]. Elle est d’ailleurs proposée par les médecins chinois en prévention de la COVID-19[11]. Il n’y a toutefois pas de preuve actuellement de son efficacité sur le SARS-CoV-2. Attention, les polysaccharides de l’astragale pourraient stimuler la sécrétion d’histamine, et favoriser les réactions allergiques, chez les personnes sensibles.

rhizome de curcuma

L’Anses* a émis le 10 avril 2020 un avis concernant plusieurs plantes, “qui ont été identifiées comme présentant des effets contre-productifs dans la défense contre le coronavirus. Il s’agit des plantes contenant des dérivés de l’acide salicylique (analogues de l’aspirine), telles que le saule, la reine des prés, le bouleau, le peuplier, la verge d’or, les polygalas mais aussi des plantes contenant d’autres anti-inflammatoires végétaux, telles que l’harpagophytum, les échinacées, le curcuma, la griffe du chat (appelée aussi liane du Pérou), les plantes des genres Boswellia et Commiphora (connues pour leurs gommes-oléorésines appelées respectivement « encens » et « myrrhe »). Bien que le niveau de connaissances disponibles soit inégal pour ces différentes plantes, les experts de l’Anses estiment qu’elles sont toutes susceptibles de perturber la réponse immunitaire et la réaction inflammatoire bénéfique développée par l’organisme au début des infections. Ils rappellent qu’une inflammation ne doit être combattue que lorsque celle-ci devient excessive[1]. En conséquence, l’utilisation de ces plantes devrait être évitée pour préserver une réponse immunitaire optimale en cas d’infection, et être reconsidérée avec votre praticien en cas de prescription.

Nous préciserons ici que les recommandations de l’Anses sont basées sur la similitude de certains composants de ces plantes avec les médicaments anti-inflammatoires. Il n’existe pas à l’heure actuelle de travaux montrant une aggravation de phénomènes infectieux relatifs à l’usage de ces plantes. Par ailleurs, l’action d’une plante ne peut se résumer à celle d’une molécule qui la compose, puisque les plantes agissent sur la base de leur composition en multiples molécules qui interagissent. Enfin, l’usage de ces plantes anti-inflammatoires, comme le réglisse, qui avait été utilisé en Chine lors de l’épidémie du SARS-CoV-1, pourrait s’avérer utile dans les cas d’infections graves avec sur-réactivité inflammatoire, dans une phase évoluée de la maladie Covid-19, mais cet usage devrait être réservé aux praticiens qui prennent en charge ces malades, qui ne relèvent plus de l’auto-médication ni de la prévention.

En conclusion, d’autres plantes, comme celles que nous avons présentées au début de cet article, stimulent la fonction immunitaire, et ne présentent pas de caractère anti-inflammatoire susceptible d’interférer avec les défenses de l’organisme en cas d’infection. On peut donc les conseiller sans réserve.

*ANSES: Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail

Dr Claire Condemine-Piron

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[1] https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2020SA0045.pdf

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[1] Smith JA, Mathew L, Gaikwad A, et al. From Bench to Bedside: Evaluation of AHCC Supplementation to Modulate the Host Immunity to Clear High-Risk Human Papillomavirus Infections. Front Oncol. 2019;9:173. Published 2019 Mar 20.

[2] Kang S, Min H. Ginseng, the ‘Immunity Boost’: The Effects of Panax ginseng on Immune System. J Ginseng Res. 2012;36(4):354–368. 

[3] Mohammed Ziauddin, Neeta Phansalkar, Pralhad Patki, Sham Diwanay, Bhushan Patwardhan, Studies on the immunomodulatory effects of Ashwagandha, Journal of Ethnopharmacology, Volume 50, Issue 2, 1996, Pages 69-76.

[4] Jung-Yeal Kim, Young-Jong Lee, A Study on the Effects of Rhodiola rosea Root on the Immune System, Kor. J. Herbology 2008;23(4):179-189. 

[5] Golden root: A wholesome treat of immunity.Kunjan Khanna, K. P. Mishra, Lilly Ganju, Shashi Bala SinghBiomed Pharmacother. 2017 Jan 7; 87: 496–502. Published online 2017 Jan 7. doi: 10.1016/j.biopha.2016.12.132

[6] Gerhard G. Steinmann, Anke Esperester, Peter Joller, Immunopharmacological in vitro Effects of Eleutherococcus senticosus Extracts. Arzneimittelforschung 2001; 51(1): 76-83

[7] Colds and influenza: a review of diagnosis and conventional, botanical, and nutritional considerations.Mario Roxas, Julie JurenkaAltern Med Rev. 2007 Mar; 12(1): 25–48

[8] Wei Wang, Ye Zou, Qian Li, Riwen Mao, Xingjun Shao, Dun Jin, Daheng Zheng, Ting Zhao, Huifen Zhu, Lin Zhang, Liuqing Yang, Xiangyang Wu, Immunomodulatory effects of a polysaccharide purified from Lepidium meyenii Walp. on macrophages, Process Biochemistry, Volume 51, Issue 4, 2016, Pages 542-553. 

[9] Immune system effects of echinacea, ginseng, and astragalus: a review.Keith I. Block, Mark N. MeadIntegr Cancer Ther. 2003 Sep; 2(3): 247–267. doi: 10.1177/1534735403256419

[10] Astragalus polysaccharides inhibit avian infectious bronchitis virus infection by regulating viral replication.Pengju Zhang, Xuefeng Liu, Weixia Wang, Haiyan Liu, Xiaohui Liu, Xintao Li, Xinghong WuMicrob Pathog. 2017 Nov 20 Published online 2017 Nov 20. doi: 10.1016/j.micpath.2017.11.026

[11] Yang Y, Islam MS, Wang J, Li Y, Chen X. Traditional Chinese Medicine in the Treatment of Patients Infected with 2019-New Coronavirus (SARS-CoV-2): A Review and Perspective. Int J Biol Sci 2020; 16(10):1708-1717. doi:10.7150/ijbs.45538. Available from http://www.ijbs.com/v16p1708.htm