Testostérone et alimentation

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La testostérone est l’hormone masculine principale. Sa production dépend notamment de l’alimentation. Certains aliments entrainent un déséquilibre hormonal en favorisant la production d’oestrogènes, les hormones féminines. D’autres aliments concourent à la synthèse de testostérone. Revue générale.

Certains aliments contiennent ou favorisent la production d’oestrogènes et doivent être évités par les hommes

  • Le lait de vache contient des quantités importantes d’oestrogènes, qui s’ajoutent, dans l’organisme humain aux oestrogènes produits naturellement par celui-ci, ainsi qu’aux autres sources alimentaires et chimiques, qui s’additionnent jusqu’à des niveaux potentiellement toxiques[1]. Une revue de littérature publiée en octobre 2018 par Majdic et Sjon[2]établit la difficulté d’affirmer un risque majoré de cancer pour l’adulte qui consomme du lait modérément*, mais confirme l’absence de données scientifiques concernant les jeunes enfants et les garçons prépubères en particulier. Les auteurs ajoutent que les oestrogènes naturellement présents dans le lait des vaches enceintes, s’additionnent aux effets oestrogéniques de polluants tels que les PCB dans ce même lait, et aux autres oestrogènes ingérés par les individus, tous effets qui n’ont pas été étudiés dans cette méta-analyse.
  • Ainsi, conformément aux conseils de prudence de Majdic et Sjon, on recommande aux futures mères de s’abtstenir de la consommation de lait (entier ou écrémé) pendant la durée de leur grossesse, par précaution pour le fœtus, et l’on recommande l’évitement du lait de vache pour le bébé et le jeune enfant, dans l’attente de résultats scientifiques concluants sur l’absence de majoration du risque de cancer et d’hypofertilité.
  • Les produits contenant du soja[3], ne devraient pas être consommés par les hommes, car ils diminuent leur production de spermatozoïdes;
  • Les abats et les foies d’animaux issus d’élevage conventionnel sont chargés en toxiques ; ils doivent donc être évités, ainsi que la charcuterie qui en est dérivée (terrines, pâtés, foie gras).
  • Le houblon présent dans la bière, notamment la bière IPA, favorise la production d’oestrogènes[4] et ne devrait pas être consommée en excès par les hommes[5].
  • Les fruits et légumes non recouverts d’une peau épaisse, comme la salade, la tomate, le concombre, les fraises, les cerises, les pêches, sont le plus susceptibles d’être contaminés par des perturbateurs endocriniens sous forme de résidus de pesticides : il faut leur préférer la forme bio, signalée AB, ou les rincer, et les éplucher.
  • L’alcool, au-delà de 2 verres de vin par jour, impacte négativement la testostérone[6].
  • Le tabagisme altère la production de spermatozoïdes, par l’effet propre du tabac et des substances chimiques qui lui sont ajoutées, et qui sont des perturbateurs endocriniens[7]. L’arrêt du tabagisme permet d’obtenir une normalisation du spermogramme.

Quels sont les besoins nutritionnels en rapport avec la production de testostérone?

  • Les aliments non transformés, frais, d’origine locale et certifiés Agriculture Biologique sont moins susceptibles d’être contaminés par des pesticides, des additifs, aux effets perturbateurs endocriniens. C’est une règle de vie générale qui doit vous inciter à plutôt cuisiner vous même des aliments choisis pour leur qualité.
  • Besoins en graisses: les acides gras saturés et mono insaturés sont utiles pour la production de testostérone: les oeufs, les avocats, l’huile d’olive, trouvent leur place dans une alimentation pro-testostérone;
  • Besoins en protéines: une alimentation riche en protéines et en graisses soutient la production de testostérone et de spermatozoïdes, même dans un contexte d’inflammation chronique défavorable[8];
  • Besoins en vitamines: il faut des apports suffisants en vitamine D pour synthétiser la testostérone: l’essentiel provient de l’exposition de la peau au soleil d’avril à octobre; pendant les mois d’hiver il faut compléter ses besoins par une alimentation riche en huiles de poisson, voire une supplémentation en cholecalciferol au creux de l’hiver;
  • Besoins en oligo-éléments:
    • Des apports suffisants en zinc, provenant du foie de veau, des huïtres, du bœuf braisé, du pain de seigle, des amandes, de la ricotta,
    • Des apports suffisants en sélénium, présent dans les poissons (thon, sardines), les noix du brésil, les huïtres (encore), les champignons shiitake,
  • Des apports suffisants en cuivre, présent dans le foie de veau (bio) et les huîtres, dans les légumineuses (lentilles, haricots rouges), les artichauds cuits, les champignons de Paris,
    • Des apports suffisants en bore, présent dans les avocats, les légumes à feuilles (choux, céleris), les noix, le chocolat, sont nécessaires à la synthèse de la testostérone,
    • Des apports suffisants en iode pendant la grossesse, sous forme de sel iodé, peuvent protéger le fœtus vis-à-vis des altérations de la fonction thyroïdienne, provoquées par les perturbateurs endocriniens[9]. La future mère pourrait s’assurer au moins qu’elle ne présente pas d’altération de la fonction thyroïdienne au moment d’entamer une grossesse[10].

Quels sont les aliments qui apportent ces nutriments utiles pour la production de testostérone ?

  • Les oeufs : Les acides gras oméga-3, les acides gras saturés, la vitamine D, le cholestérol et les protéines contenus dans les œufs sont tous essentiels à la production de testostérone.  
  • L’ail: L’allicine qu’on trouve dans l’ail réduit les niveaux de cortisol, favorisant indirectement le taux de testostérone;
  • Les asperges: sont riches en acide folique, en potassium et en vitamine E, essentiels à la bonne production de testostérone.  
  • Les bananes: contiennent de la bromélaïne, qui stimule la production de testostérone.
  • Les huîtres: Les huîtres sont très riches en zinc, et apportent également sélénium et cuivre;
  • Le saumon sauvage: Les chercheurs de l’université de Graz en Autriche ont trouvé que le saumon sauvage peut réduire le niveau de SHBG (globuline liée aux hormones sexuelles) qui rend la testostérone indisponible.  
  • L’avocat: Les chercheurs américains de la Penn State University ont découvert que les hommes qui consomment beaucoup de lipides monoinsaturés – qu’on trouve dans les avocats, les fruits secs et l’huile végétale – ont moins de cholestérol LDL et plus de testostérone.  

Les huîtres : pour leurs apports en oligo-éléments, à pondérer malheureusement avec celui des métaux lourds qui les contaminent aujourd’hui.

Quels sont les aliments qui bloquent la synthèse d’oestrogènes :

  • Les champignons comme le shiitake, les champignons de Paris, les pleurotes, bloquent l’enzyme aromatase qui favorise la transformation de testostérone en oestrogène[11] ;
  • Le raisin rouge, grâce au resvératrol de sa peau et aux proanthocyanidines de ses pépins, bloque la synthèse d’oestrogène[12];
  • Le thé vert, grâce à ses polyphenols[13] ;
  • La grenade[14] ;
  • Les agrumes: peuvent diminuer le niveau d’œstrogène[15];
  • Les choux: contiennent de l’indole-3-carbinol, qui fait diminuer le niveau d’œstrogène (l’hormone féminine) au profit de la testostérone, ainsi que le brocolis, choux fleurs, choux de Bruxelles[16].

Quels compléments alimentaires peuvent soutenir la production de testostérone?

  • l’extrait de racine d’ortie préserve le taux de testostérone en empêchant le mécanisme biochimique qui conduit à sa transformation en oestrogène, qui tend à croître avec l’âge[17]. Ainsi cette plante présente un effet anti oestrogénique, qui semble être à l’origine de son indication principale: le traitement de l’hypertrophie de la prostate.
  • Le ginseng coréen stimule la spermatogenèse et peut contribuer à lutter contre l’hypofertilité masculine[18]. Il pourrait même réduire les effets reprotoxiques du BPA et des phtalates, selon une étude conduite sur des femelles rats (54) pendant leur grossesse.
  • Une herbe japonaise, le “saikokaryukotsuboreito” a des effets positifs sur la sécrétion de testostérone[19].
  • Le sildenafil, médicament utilisé dans la dysfonction érectile, induit également une élévation ponctuelle du taux de testostérone[20].

Pour en savoir plus sur les moyens de vous protéger des perturbateurs endocriniens, consultez notre ouvrage: L’homme, une espèce et un genre à protéger.

Dr Claire Condemine-Piron Présentation de l’auteur


[1] R.M. Sharpe, N.E. Skakkebaek,Are oestrogens involved in falling sperm counts and disorders of the male reproductive tract?,The Lancet,Volume 341, Issue 8857,1993,Pages 1392-1396,ISSN 0140-6736,https://doi.org/10.1016/0140-6736(93)90953-E.(http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/014067369390953E)

[2] Snoj, T., & Majdič, G. (2018). MECHANISMS IN ENDOCRINOLOGY: Estrogens in consumer milk: is there a risk to human reproductive health?, European Journal of Endocrinology, 179(6), R275-R286. Retrieved Jan 17, 2019, from https://eje.bioscientifica.com/view/journals/eje/179/6/EJE-18-0591.xml

[3] Chavarro JE, Toth TL, Sadio SM, Hauser R. Soy food and isoflavone intake inrelation to semen quality parameters among men from an infertility clinic. HumReprod. 2008 Nov;23(11):2584-90. doi: 10.1093/humrep/den243. Epub 2008 Jul 23.

[4] Nikolic D, Li Y, Chadwick LR, Grubjesic S, Schwab P, Metz P, van Breemen RB.Metabolism of 8-prenylnaringenin, a potent phytoestrogen from hops (Humuluslupulus), by human liver microsomes. Drug Metab Dispos. 2004 Feb;32(2):272-9.PubMed PMID: 14744951.https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/14744951?dopt=AbstractPlus

[5] Heather B. Patisaul, Wendy Jefferson,The pros and cons of phytoestrogens,Frontiers in Neuroendocrinology,Volume 31, Issue 4,2010,Pages 400-419,ISSN 0091-3022,https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0091302210000257?via%3Dihub

[6] La Vignera S, Condorelli RA, Balercia G, Vicari E, Calogero AE. Does alcoholhave any effect on male reproductive function? A review of literature. Asian JAndrol. 2013 Mar;15(2):221-5. doi: 10.1038/aja.2012.118. Epub 2012 Dec 31.Review. PubMed PMID: 23274392; PubMed Central PMCID: PMC3739141.https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23274392

[7] Jandíková H, Dušková M, Stárka L. The influence of smoking and cessation onthe human reproductive hormonal balance. Physiol Res. 2017 Sep 26;66(Supplementum3):S323-S331. Review. PubMed PMID: 28948816.https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28948816

[8] Zhao JL, Zhao YY, Zhu WJ. A high-fat, high-protein diet attenuates thenegative impact of casein-induced chronic inflammation on testicularsteroidogenesis and sperm parameters in adult mice. Gen Comp Endocrinol. 2017 Oct1;252:48-59. doi: 10.1016/j.ygcen.2017.07.013. Epub 2017 Jul 22. PubMed PMID:28743557.https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28743557

[9] Mughal BB, Fini JB, Demeneix BA. Thyroid-disrupting chemicals and braindevelopment: an update. Endocr Connect. 2018 Apr;7(4):R160-R186. doi:10.1530/EC-18-0029. Epub 2018 Mar 23. Review. PubMed PMID: 29572405; PubMedCentral PMCID: PMC5890081.https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29572405

[10] 2017 Guidelines of the American Thyroid Association for the Diagnosis and Management of Thyroid Disease During Pregnancy and the Postpartumhttps://www.liebertpub.com/doi/pdfplus/10.1089/thy.2016.0457

[11] Chen S, Oh SR, Phung S, Hur G, Ye JJ, Kwok SL, Shrode GE, Belury M, Adams LS, Williams D. Anti-aromatase activity of phytochemicals in white button mushrooms(Agaricus bisporus). Cancer Res. 2006 Dec 15;66(24):12026-34. PubMed PMID:17178902.https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17178902

[12] Shufelt C, Merz CN, Yang Y, Kirschner J, Polk D, Stanczyk F, Paul-Labrador M, Braunstein GD. Red versus white wine as a nutritional aromatase inhibitor inpremenopausal women: a pilot study. J Womens Health (Larchmt). 2012Mar;21(3):281-4. doi: 10.1089/jwh.2011.3001. Epub 2011 Dec 7. PubMed PMID:22150098; PubMed Central PMCID: PMC3298670.https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22150098

[13] Monteiro R, Assunção M, Andrade JP, Neves D, Calhau C, Azevedo I. Chronicgreen tea consumption decreases body mass, induces aromatase expression, andchanges proliferation and apoptosis in adult male rat adipose tissue. J Nutr.2008 Nov;138(11):2156-63. PubMed PMID: 18936213.https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18936213

[14] Adams LS, Zhang Y, Seeram NP, Heber D, Chen S. Pomegranateellagitannin-derived compounds exhibit antiproliferative and antiaromataseactivity in breast cancer cells in vitro. Cancer Prev Res (Phila). 2010Jan;3(1):108-13. doi: 10.1158/1940-6207.CAPR-08-0225. PubMed PMID: 20051378;PubMed Central PMCID: PMC2805471.https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20051378

[15] Ye L, Chan FL, Chen S, Leung LK. The citrus flavonone hesperetin inhibitsgrowth of aromatase-expressing MCF-7 tumor in ovariectomized athymic mice. J NutrBiochem. 2012 Oct;23(10):1230-7. doi: 10.1016/j.jnutbio.2011.07.003. Epub 2011Dec 30. PubMed PMID: 22209285.https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22209285

[16] Karen J. Auborn, Saijun Fan, Eliot M. Rosen, Leslie Goodwin, Alamelu Chandraskaren, David E. Williams, DaZhi Chen, Timothy H. Carter; Indole-3-Carbinol Is a Negative Regulator of Estrogen, The Journal of Nutrition, Volume 133, Issue 7, 1 July 2003, Pages 2470S–2475S, https://doi.org/10.1093/jn/133.7.2470S

[17] R.W. Hartmann, M. Mark, F. Soldati,Inhibition of 5 α-reductase and aromatase by PHL-00801 (Prostatonin®), a combination of PY102 (Pygeum africanum) and UR102 (Urtica dioica) extracts,Phytomedicine,Volume 3, Issue 2,1996,Pages 121-128,ISSN 0944-7113,https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0944711396800250

[18] Park HJ, Choe S, Park NC. Effects of Korean red ginseng on semen parameters inmale infertility patients: A randomized, placebo-controlled, double-blindclinical study. Chin J Integr Med. 2016 Jul;22(7):490-5. doi:10.1007/s11655-015-2139-9. Epub 2015 May 12. PubMed PMID: 25967606.https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25967606

[19] Tsujimura A, Miyagawa Y, Okuda H et al. Change in cytokine levels after administration of saikokaryuukotsuboreito or testosterone in patients with symptoms of late‐onset hypogonadism. Aging Male 2011; 14: 76–81. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20712429?dopt=Abstract

[20] Janjic MM, Stojkov NJ, Bjelic MM, Mihajlovic AI, Andric SA, Kostic TS. Transient rise of serum testosterone level after single sildenafil treatment of adult male rats. J. Sex. Med. 2012; 9: 2534–43.