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La vitamine D est importante pour le métabolisme osseux et musculaire, grâce à son influence sur le métabolisme du calcium et du phosphore. Elle joue également un rôle majeur dans l’immunité, qu’elle renforce, tout en réduisant l’inflammation à bas bruit de l’organisme. Une supplémentation en vitamine D permet de prévenir l’infection pulmonaire virale, ainsi que les pneumopaties d’origine communautaire chez les personnes déficientes[1]. Le risque de contracter une infection est plus élevé chez les personnes dont le taux de vitamine D est bas. La durée d’une infection respiratoire est écourtée, et la mortalité réduite chez les personnes supplémentées en vitamine D[2].
La vitamine D, soluble dans les graisses se trouve notamment dans l’huile de foie de morue, les harengs ou les sardines. Mais l’apport alimentaire reste modeste au regard de celui que produit l’exposition de la peau aux UVB d’avril à septembre en France. Une exposition de 15mn des bras et des jambes produit l’équivalent de 3000 UI de vit D. En pratique la durée d’exposition ne doit pas excéder celle au-delà de laquelle la peau rougit. Cependant, d’octobre à mars les rayons solaires ne permettent pas de synthèse cutanée de vitamine D sous nos latitudes. C’est alors que la supplémentation doit prendre le relais pour maintenir un taux normal de vitamine D en hiver, particulièrement chez les personnes à risque de déficience, comme les personnes âgées.
Un rapport irlandais sur le déficit en vitamine D paru en avril 2020 montre que la moitié des personnes âgées sont en déficit de vitamine D pendant l’hiver, par défaut de supplémentation. Mais d’autres groupes de personnes vulnérables présentent des besoins accrus en vitamine D en période hivernale et de confinement. Ce sont les asthmatiques, les personnes obèses, sédentaires, ou atteintes de maladies respiratoires chroniques. Dans ce cas la supplémentation quotidienne hivernale devrait atteindre 800 à 1000 UI/jour (15-20 microg/j)[3].
Dans un article publié dans l’Irish Medical Journal en avril 2020, les chercheurs recommandent une prise quotidienne de 20 à 50 microg/jour de vitamine D pour lutter contre la COVID-19, pour l’ensemble des patients hospitalisés, des personnes âgées en résidence, les professionnels de santé[4], les fumeurs, les végétariens et vegans, les personnes de peau foncée[5]. Nous entrons dans la période où l’ensoleillement permet théoriquement de synthétiser la vitamine D grâce à l’exposition au soleil, mais le confinement généralisé et l’enfermement des malades prolongent la dépendance des organismes à la supplémentation en vitamine D pour stimuler leur immunité.
Il est important de maintenir un taux sanguin de vitamine D entre 20 et 30 ng/ml, par la prise quotidienne de 400 à 500 UI (15 à 20 microg) en période hivernale, pouvant aller jusqu’à 2000 UI par jour pour les personnes à risque, âgées ou de peau foncée. En effet, la supplémentation hivernale en vitamine D permet de réduire le risque d’infections respiratoires, notamment des virus influenza A, tandis que son déficit aggrave ce risque[6].
Une équipe de chercheurs américaine dans une publication du 2 avril 2020 recommande des doses supérieures de vitamine D[7]. Pour les personnes à risque de contracter le SARS-CoV-2 (les professionnels de santé en première ligne), ils recommandent 10,000 IU/jour de vitamin D3 pendant quelques semaines, afin d’élever rapidement le taux circulant, puis de maintenir un taux de 5000 UI/jour , afin d’obtenir des concentrations de vitamine D supérieures à 40-60 ng/ml (100-150nmol/L). Pour les personnes atteintes de COVID-19, des taux supérieurs pourraient s’avérer utiles.
L’OMS réclame encore de nouvelles études avant de se prononcer sur le taux de vitamine D optimal pour prévenir le risque infectieux, et s’en tient pour l’instant au maintien d’une norme biologique, à savoir un taux de 25(OH)D>30 ng/ml chez l’adulte.
La vitamine D réduit le risque infectieux par plusieurs mécanismes, qui contribuent à diminuer le taux de réplication virale, ainsi que le risque de tempêtes à cytokine, qui conduit à la détresse respiratoire aigüe[8]. Les lymphocytes T, ces cellules placées en première ligne pour assurer notre protection, sont uniquement activés en sa présence[9]. Des études sont en cours pour évaluer le taux optimal de vitamine D pour lutter contre la COVID-19.
Dr Claire Condemine-Piron Présentation de l’auteur
[1] Zhou YF, Luo BA, Qin LL. The association between vitamin D deficiency and community-acquired pneumonia: A meta-analysis of observational studies. Medicine (Baltimore). 2019;98(38):e17252. doi:10.1097/MD.0000000000017252
[2] https://www.thelancet.com/journals/landia/article/PIIS2213-8587(17)30357-1/fulltext#articleInformation
[3] https://tilda.tcd.ie/publications/reports/pdf/Report_Covid19VitaminD.pdf
[4] Grant WB. (2020) Re: Preventing a covid-19 pandemic: Can vitamin D supplementation reduce the spread of COVID-19? Try first with health care workers and first responders. BMJ, 368:m810. https://www.bmj.com/content/368/bmj.m810/rr-42
[5] http://imj.ie/optimisation-of-vitamin-d-status-for-enhanced-immuno-protection-against-covid-19/
[6] Dancer RC, Parekh D, Lax S, D’Souza V, Zheng S, Bassford CR, et al. (2015) Vitamin D deficiency contributes directly to the acute respiratory distress syndrome (ARDS). Thorax. 70:617-624. http://thorax.bmj.com/cgi/pmidlookup?view=long&pmid=25903964
[7] MDPI and ACS Style Grant, W.B.; Lahore, H.; McDonnell, S.L.; Baggerly, C.A.; French, C.B.; Aliano, J.L.; Bhattoa, H.P. Evidence that Vitamin D Supplementation Could Reduce Risk of Influenza and COVID-19 Infections and Deaths. Nutrients 2020, 12, 988.
[8] Grant WB, Lahore H, McDonnell SL, Baggerly CA, French CB, Aliano JA, Bhattoa HP. (2020) Evidence that vitamin D supplementation could reduce risk of influenza and COVID-19 infections and deaths. Nutrients. 12: 988. https://www.mdpi.com/2072-6643/12/4/988
[9] Cantorna MT, Snyder L, Lin YD, Yang L. Vitamin D and 1,25(OH)2D regulation of T cells. Nutrients. 2015;7(4):3011–3021. Published 2015 Apr 22.