SARS-CoV-2, ennemi invisible: comment passer entre les gouttes ?

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Toux, éternuements, des gouttelettes se déposent jusqu’à 4 mètres du lit d’un malade

Je n’ai aucun symptome, est-ce que cela signifie que je suis sain(e)?

Non, il apparait que la moitié des personnes contaminées présentent peu ou pas de symptômes de la Covid-19, le nom de la maladie contractée au contact du virus SARS-CoV-2  [1]. Environ 35% présentent une forme modérée de la maladie, et 15% une forme sévère nécessitant des soins hospitaliers. Par ailleurs, pendant la durée d’incubation moyenne de 5 jours, on suppose que la personne est contagieuse dès 12h à 24h avant l’apparition de symptômes, par analogie avec les autres maladies virales, une étude chinoise en confirme la possibilité[2].

Ainsi, en dehors des personnes totalement isolées de l’extérieur depuis au moins 14 jours, personne ne peut être certain qu’il n’est pas lui-même porteur du virus SARS-CoV-2 et contagieux.

La situation épidémique du SARS-CoV-2 doit nous conduire à adopter une attitude étrange vis à vis de nous-même: il faut que chacun se considère à la fois comme une cible potentielle -à protéger- et comme un vecteur possible du virus SARS-CoV-2 – dont il faut protéger les autres. Cette attitude est très difficile à obtenir de nombreuses personnes qui ne considèrent que le risque auquel elles souhaitent échapper, et pas celui qu’elles représentent – à leur insu. C’est ainsi que les mouvements de populations, fuyant une zone de forte contamination aboutit à la dissémination plus grande encore de la maladie. Il faut donc faire cet effort sur soi: accepter de se considérer comme un vecteur potentiel, et protéger autrui comme soi-même. Sur cette base la stratégie de protection adoptée doit coupler la protection dans le sens “de soi à autrui”, à celle “d’autrui à soi”.

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Si je ne vois personne, suis-je hors de portée du virus?

Le virus SARS-CoV-2 se transmet d’homme à homme par la voie respiratoire, mais aussi indirectement via le contact des mains sur des surfaces contaminées, suivi d’une transmission de la main à la muqueuse nasale ou aux yeux[1]. D’où la recommandation de ne pas toucher son visage, sous entendu avec des doigts possiblement contaminés par le virus. Une étude sur des étudiants en amphithéatre a montré qu’ils se touchaient le visage environ 23 fois par heure, et particulièrement les zones des yeux, du nez et de la bouche[2].

La protection vis à vis du risque de contamination doit prendre en compte toutes les interfaces d’exposition au virus SARS-CoV-2, directes et indirectes.


L’éloignement physique est-il indispensable pour éviter la contamination aérienne par le SARS-CoV-2?

Il y a différentes stratégies pour éviter la contamination aérienne. La méthode du confinement, relative dans le cas français avec des exceptions pour les professionnels ou les démarches d’approvisionnement, absolue en Chine où l’approvisionnement alimentaire s’est effectué au domicile des personnes, est la plus ancienne solution de protection, préconisée dès le moyen-âge. Cette méthode vise à empêcher les personnes contaminées d’atteindre de nouvelles cibles. Les épidémiologistes formalisent ce processus grâce au concept du taux de renouvellement du virus RO. Si celui-ci est inférieur à 1, cela signifie qu’une personne contaminée en contamine moins de 1 en moyenne à l’échelle de la population. Dans l’équation ce taux permet une diminution du nombre de nouveaux cas jusqu’à l’extinction de la maladie, tandis que s’il est >1, ce taux conduit inexorablement à l’expansion de celle-ci jusqu’à atteindre le seuil d’immunité globale. Ce seuil correspond à un pourcentage de la population sur qui le virus est inactif, soit parce qu’elle a été vaccinée, soit parce qu’elle a guéri de son infection et qu’elle est désormais immunisée. Ce seuil d’immunité grégaire permet de rompre la chaine de transmission virale et d’obtenir l’extinction de l’épidémie. Dans le cas du SARS-CoV-2, ce seuil serait de 60% de la population. Le confinement est une alternative à la vaccination ou à l’immunité globale pour stopper l’épidémie, en réduisant drastiquement le nombre de contacts entre les personnes. Mais il est temporaire, et ne permet que de retarder la contamination à la reprise des contacts, sauf à utiliser une méthode alternative efficace, comme la vaccination de masse. Pour les personnes non encore contaminées le confinement est une solution très coûteuse, sur le plan économique, social, psychologique. Elle n’exclut pas la contamination tardive des personnes longuement confinées, lors d’une 2ème ou 3ème vague de reprise de l’épidémie, lorsque le confinement est levé.

La mise à distance sociale relative, c’est à dire l’évitement de tout contact physique, et l’éloignement de précaution à 1,80m voire 2m [3]entre les personnes [4]est une alternative préconisée pour tous ceux dont l’activité professionnelle ne peut être cessée, ni télétravaillée. Dans un avion, dont l’air est entièrement renouvelé toutes les 3 mn, une distance de 2 rangs est nécessaire pour se protéger d’une personne contaminée[5]. Mais dans un bus, où l’air est également conditionné, la distance de sécurité est de 4,80m entre les personnes comme l’a montré une étude de cas chinoise qui a révélé la contamination de voyageurs dans un bus, à partir d’un patient porteur. L’éternuement dans le pli du coude est recommandé pour éviter la diffusion du virus; cependant, le virus est ensuite sur la manche du vêtement qu’il faudra laver. On peut toujours utiliser le bouclier classique formé par les mains, pour éviter la propagation des sécrétions lors de la toux ou de l’éternuement. Il faudra ensuite se laver les mains.

Le port de masque n’apporte-t-il pas une protection supplémentaire quand on circule à proximité d’autres personnes?

En Asie du sud est, depuis l’épidémie de SRAS de 2003, le port de masques anti projection est systématique dans la population, dès qu’une personne est souffrante, pour protéger les autres, et sous forme généralisée comme cela a été adopté courant janvier par Taiwan[6], Singapour, Honk Kong, le Japon, la Corée du sud et bien sûr la Chine. Le SARS-CoV-2 se transmet par voie aéroportée essentiellement dans les gouttelettes émises lors de toux et d’éternuement. Ce sont des aérosols de salive ou de mucus porteurs d’une charge virale. L’OMS différencie les gouttelettes de plus de 5 microns, qui tombent rapidement au sol ou sur une surface, des gouttelettes dites alors aérosols, de moins de 5 microns, qui peuvent se maintenir en suspension dans l’air ambiant pendant plus de 30 minutes[7].

Ces gouttelettes apportent une charge virale, qui correspond à la quantité de virus SARS-CoV-2 contenue dans un volume de liquide. Plus celle-ci est élevée, plus le risque d’infection augmente. Les gouttelettes peuvent atteindre directement le tractus respiratoire des personnes situées à moins de 2 mètres, voire 4 mètres selon une étude de Wuhan[1].


[1] https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/26/7/20-0885_article

. Le masque chirurgical, ou masque anti projection est une solution efficace pour empêcher la diffusion des gouttelettes émises lors de la toux ou de l’éternuement. “II doit pouvoir retenir des particules à partir d’un micron de diamètre, mais dans les faits, la capacité filtrante de ce type de masque peut varier de 0,5 à plus de 5 microns. Son efficacité à filtrer les gouttelettes est bonne; en revanche, celle à filtrer les aérosols, dont les particules sont plus fines, est limitée et varie selon les modèles… Ces masques anti-projections sont testés dans le sens de l’expiration[8]4. En effet, ces masques sont destinés a priori à être portés pour protéger autrui. Dans les faits ils protègent également le porteur vis à vis des émissions de gouttelettes par éternuement et toux des personnes à proximité[9].

En mai 2013, le Secrétariat Général de la Défense et de la Sécurité Nationale affirme, dans son document “Doctrine de protection des travailleurs face aux maladies hautement pathogènes à transmission respiratoire”: “Le HCSP (Haut Conseil de Santé Publique, remplacé en 2016 par Santé Publique France -note de l’auteur) propose, pour les salariés régulièrement exposés à des contacts étroits avec le public du fait de leur profession (comme les métiers de guichet), l’utilisation du masque chirurgicalsur la base des arguments suivants : − observance potentiellement supérieure pour le port du masque anti-projection ; − pas d’efficacité inférieure démontrée chez les professionnels de santé du masque antiprojection versus l’appareil de protection respiratoire (APR) dans le contexte de la circulation d’un agent pathogène « courant » ; − cohérence avec les dispositifs préconisés pour le grand public. Dans ces conditions le HCSP privilégie le port de masques chirurgicaux pour les personnels en contact avec le public et les personnes se rendant dans des lieux publics, dès lors que la situation le nécessite. Le HCSP considère que le port du masque FFP2 doit être réservé aux personnels directement exposés à un risque élevé, notamment les professionnels de santé exécutant des actes à risque[10]. En toute logique, le port de masques anti projection aurait dû être proposé d’emblée à l’ensemble de la population française, avec priorité aux personnels en contact avec le public, dès que le risque épidémique a été relevé, et que la France est passée au stade 2, le 29 février 2020.

https://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/hfds/Documents/doctrine_de_protection_des_travailleurs_face_aux_maladies_hautement_pathogenes_a_transmission_respiratoire.pdf

Ce masque doit être utilisé selon une procédure rigoureuse pour être efficace:

  • Consulter les notices d’utilisation fournies par les fabricants;
  • Ajuster le masque: dépliage complet, liens bien serrés ou élastiques, couvrir tout le nez et couvrir la bouche, pince-nez ajusté;
  • Une fois qu’il est en place, ne pas manipuler le masque car il existe un risque de détérioration de celui-ci et de contamination des mains;
  • Se laver les mains après avoir enlevé le masque;
  • Eliminer le masque utilisé dans la filière des déchets d’activités de soins à risques infectieux. Il est nécessaire d’organiser cette filière (poubelle de recueil, circuit d’élimination, personnels en charge de cette élimination…);
  • Utiliser le masque sur une durée inférieure ou égale à 3h.

Le masque chirurgical en période de pénurie peut être utilisé au-delà de 3 heures à condition de le désinfecter: la méthode qui consiste à le chauffer au sèche cheveux puissance maximale, qui diffuse un air chauffé à 125°, à 5cm du masque pendant 1mn permet de réchauffer la surface au-delà de 65° et de réduire la charge virale à l’état de trace[11]. Il peut également être désinfecté au four, t° 70° pendant 30mn.

En période de pénurie, toute écharpe, foulard, masque en tissu constitue une solution de fortune non homologuée mais supérieure à l’absence totale de barrière devant le nez et la bouche. Le port de lunettes est un complément utile car les projections peuvent atteindre les yeux et contaminer par cette voie. Il existe des lunettes en plastique anti-projection avec un rebord latéral, mais des lunettes de vue, ou de soleil peuvent les remplacer, à condition de ne pas se frotter les yeux, et d’éviter de porter les mains au visage pour rajuster les lunettes. Ces objets devront être décontaminés après usage, à l’alcool pour les lunettes, et par sèche cheveux ou lavage à 60° pour l’écharpe.

Les masques FFP2 et FFP3 sont plus performants que les masques chirurgicaux car ils protègent aussi le porteur vis à vis des aérosols, c’est à dire des gouttelettes inférieures à 5 microns, qui sont émises par les personnes avec leur souffle, et qui peuvent être transmises dans les lieux confinés où l’air conditionné transporte ces gouttelettes sur une distance supérieure à 2m. Ils sont a priori réservés aux personnels de santé, particulièrement exposés, lors de l’intubation des malades.

Il est à noter que certains masques anti pollution sont certifiés FFP3, et offrent une protection durable et supérieure à 98%. La société qui fabrique ces masques et leurs filtres est actuellement débordée et réoriente sa production logiquement à destination des personnels prioritaires. A moyen terme, l’acquisition d’un tel masque apparaît comme un investissement utile, durable, contre la pollution urbaine…et les pandémies à venir.

Quel est le problème avec les mains, le virus SARS-CoV-2 traverse-t-il la peau?

Non le virus ne traverse pas la peau, mais nous touchons très fréquemment notre visage, et le virus passe alors des doigts au nez, aux yeux, aux lèvres. C’est pourquoi les mains doivent être lavées fréquemment, ou couvertes de gants qui réfrènent le geste réflexe de porter la main au visage, et ce geste même doit être évité autant que possible – il est largement inconscient et impulsif, malheureusement.

Les gouttelettes émises par la toux ou un éternuement vont tomber et contaminer les surfaces jusqu’à 1,80m de distance: tables, plats, poignées de porte, caddies… Des études ont montré que la durée de présence du virus sur ces surfaces est variable en fonction de leur nature: 4h sur du cuivre, 24h sur du carton, 2 à 3 jours sur du plastique ou de l’acier 1[12]. La quantité de virus vivant diminue plus ou moins rapidement, mais globalement, la charge virale et donc le risque d’infection est plus élevée dans un contact direct entre personnes, lors d’une poignée de main, que lors d’un contact via une surface contaminée. Les personnes symptomatiques sont également plus contaminantes du fait des éternuements et de la toux que les porteurs peu symptomatiques.

Le port de gants à l’extérieur du domicile est utile pour diminuer le risque d’accumuler une importante charge virale directement sur les mains, ce qui ne dispense pas du lavage des mains au domicile pour autant. Il protège l’environnement de nos mains contaminées si l’on est porteur du virus, ce qui ne doit pas être exclus, répétons le. Le risque de se gratter le nez ou de se toucher le visage est également diminué lors du port de gants. Les gants peuvent ensuite être retirés à domicile, jetés s’ils sont en plastique à usage unique, lavés à 60° s’ils sont en tissu, ou passés au sèche-cheveux puissance maximale, qui souffle un air à 125°, s’ils sont en cuir. Il faut que la surface du gant atteigne 60°, le séchage pendant 1 minute est suffisant pour éliminer virus et bactéries. Evidemment, les gants en cuir seront abîmés rapidement par ce traitement.

Le lavage des mains dès le retour à domicile est impérieux: à l’eau savonneuse – en privilégiant les espaces inter digitaux et sous les ongles. Le savon est un surfactant qui dissout les lipides de la membrane du virusSARS-CoV-2, un lavage de 20 secondes est une durée efficace pour tuer les virus.

L’utilisation d’une solution anti septique comme un gel hydro-alcoolique hors du domicile complètent ces mesures. De nombreuses solutions antiseptiques existent. le gel hydro-alcoolique pour laver les mains doit contenir au moins 60% d’ethanol (alcool dénaturé) ou 70% d’isopropanol pour être efficace, selon les recommandations de l’OMS[13],

Peut-on être contaminé par les selles de personnes malades?

On évoque une contamination possible par aérosol dans les toilettes, car le virus est éliminé par l’urine et les selles. Le fait de tirer la chasse provoque la formation de micro gouttelettes qui restent en suspension dans l’air plusieurs heures avant de tomber[1]. Par ailleurs, dans l’optique où l’on est soi-même porteur potentiel, se laver les mains à la sortie des toilettes évite de contaminer tous les objets que l’on touchera ensuite, et de diffuser le virus SARS-CoV-2.

 Les espaces sous air conditionné, tels que les avions, les bus, ou même la climatisation des lieux d’habitation peuvent répandre le virus depuis les toilettes sous forme aérosol [2]. A ce jour, aucune transmission oro-fécale directe n’a été rapportée, mais on ne peut exclure ce risque. Il en résulte une difficulté particulière dans l’usage des toilettes publiques.

Ces gouttelettes aérosols d’un diamètre inférieur à 5 microns, ne sont pas arrêtées par le masque chirugical. C’est là que le masque FFP2 constitue un élément de protection supplémentaire pour une personne supposée saine vis à vis de personnes supposées atteintes, en empêchant les micro-gouttelettes en suspension dans l’air d’être inhalées. Les soignants et les professionnels travaillant à proximité du public, en atmosphère confinée, voire sous air conditionné sont concernés par cette protection, lors de l’auscultation, de l’intubation de malades. Mais dans les toilettes publiques ces masques FFP2 peuvent constituer une barrière efficace contre le virus disséminé par la châsse d’eau.


[1] https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2020.03.08.982637v1

[2] https://harvardmagazine.com/2007/03/the-sars-scare.htmlEven more perplexing was a super-spreading event that occurred at the Amoy Gardens apartment complex in Hong Kong, where 329 residents became infected with SARS. Michael Farzan ’82, G ’92, Ph.D. ’97, an HMS assistant professor of microbiology and molecular genetics who studies the mechanism that viruses use to enter cells, remembers vividly a graphic of one of the buildings that was published at the time: “The infection was spreading vertically in the building between apartments that were stacked on top of one of another in a column.” This was very strange, he says: if the virus was being transmitted by a respiratory route, “the expected pattern of infection should have been by floor,” horizontally. The outbreak was traced to one man who had been undergoing kidney dialysis at a local hospital and was staying at his brother’s apartment. The patient’s symptoms included fever and diarrhea. Investigators found that plumbing in the building was likely to blame for the virus’s unusual transmission pattern: drain traps in the shower floors were either dry, faulty, or missing. When residents turned on bathroom fans, this sucked air from the common waste drainpipe into their living space. Virus in droplets or aerosol from the victim’s stool entered other apartments with these ambient air currents. This demonstrated that the virus could infect people via the fecal-oral route as well as the respiratory route, and became the working hypothesis for most of the transmission that occurred in the building, Block E, where the man stayed”.

Y a-t-il des mesures particulières à prendre à son domicile contre le SARS-CoV-2?

Les retours au domicile doivent occasionner des précautions supplémentaires pour ne pas imprudemment diffuser le virus dans son habitation. La charge virale transportée d’un sac à provision vers les mains est évidemment très affaiblie, par rapport à celle d’un éternuement sur le même sac. Pour autant, la prudence en matière d’hygiène ne peut qu’être bénéfique, à condition de ne pas utiliser des produits inutilement toxiques.

Les produits utilisés efficacement contre le SARS-CoV-2 sont: l’alcool à 60° minimum, l’eau de javel, l’eau oxygénée, le vinaigre blanc si le degré d’alcool est supérieur à 6°, pour les surfaces.[16]  Dans les faits, le produit doit permettre d’obtenir un pH <3 ou >12, ou bien une température supérieure à 65° de la surface à décontaminer, ce sont les recommandations de l’OMS. [17]

  • Décontamination des poignées de porte à l’alcool à 70° ou plus quand on les utilise en venant de l’extérieur ou avec des mains non lavées. Désinfection préventive des poignées de tiroirs, interrupteurs électriques et boutons d’alarme ou de thermostat, si des personnes circulent à votre domicile mains non lavées. Désinfection après usage des clés, du sac à main, du porte monnaie, portefeuille, carte de paiement, téléphone portable, ordinateur, clavier. En fonction de la fragilité de l’objet, une lingette nettoyante, du gel hydro-alcoolique, de l’alcool à 70°, du vinaigre blanc ou du savon pourront être utilisés.
  • Retrait des chaussures souillées sur le seuil de l’habitation, lavage du sol contaminé quotidien au savon noir qui est détersif et tue les virus à enveloppe comme le SARS-CoV-2. Si vous ne portez pas de gants, vous pouvez contaminer vos mains au moment où vous retirez des bottes, ou un manteau souillé pendant votre déplacement: lavez-vous les mains après avoir ôté vos vêtements et désinfectez à l’alcool ou à l’eau de javel les objets que vous aurez manipulés avant le lavage: poignées de porte, clés, alarme…
  • Retrait des vêtements portés à l’extérieur sur un porte manteaux à l’entrée de l’habitation, qu’il faudra laver à 60° sur un programme supérieur à 30mn. Le virus SARS-CoV-2 survit 12h sur les vêtements. Lavage du linge de maison à 60° au moins une fois par semaine.
  • Décontamination de la zone de repas et des couverts à l’alcool si l’on mange en restauration collective.
  • Les aliments emballés peuvent être défaits de leurs contenants immédiatement s’ils doivent aller au frais, ou après 24 heures pour les autres, car le nombre de virus en vie sur une surface inerte décroit rapidement, ce qui diminue la charge virale en cas de contact. Les plastiques et cartons d’emballage seront jetés dans la poubelle immédiatement, et les mains seront lavées après déballage des aliments. Les aliments sous plastique, comme les yaourts peuvent être lavés avec du savon de Marseille en complément avant d’être mis au frais. Idem pour les aliments emballés dans du verre ou du métal.

Peut-on se contaminer avec les aliments?

La charge virale est plus prolongée sur les surfaces inertes comme le plastique, le métal, que sur les surfaces organiques, et à ce jour, on n’a rapporté aucune contamination au SARS-CoV-2 d’origine alimentaire[18], ce que les scientifiques expliquent par la destruction du virus introduit dans la voie digestive. Le coronavirus est un virus respiratoire qui se multiplie sur la muqueuse respiratoire: le nez, le rhinopharynx, la trachée et les bronches. Les aliments frais seront lavés et trempés à l’eau au minimum pour dépoussiérer salades et fraises; attendre 24h avant de les consommer permet d’éteindre la charge virale. Les autres légumes et fruits seront épluchés après rinçage. La chaleur détruit le virus, la cuisson permet de l’éliminer, un traitement thermique à 63°C pendant quatre minutes permet de diviser par 10 000 la contamination d’un produit alimentaire, selon l’Anses [19]. On pourra ainsi réchauffer le pain au four, ou les plats cuisinés, car ils ont été manipulés par des professionnels qui peuvent être porteurs du virus.

Risque-t-on de se contaminer lors d’une sortie pour faire du sport ou prendre l’air?

L’objectif du confinement est la réduction du nombre de contacts qu’une personne peut avoir avec d’autres personnes par jour, soit directement, soit indirectement en touchant des surfaces contaminées. Aussi insignifiante que puisse nous paraître la trace laissée par une personne, qui court, qui s’étire ensuite sur du mobilier urbain, ou qui prend le soleil sur l’herbe et abandonne une canette ou un sac plastique, celle-ci est suffisante pour occasionner par transmission de contact la diffusion du virus SARS-CoV-2. Enfin, seul le personnel des urgences est familier de ce risque banal et courant: parmi les nombreux randonneurs, cyclistes, coureurs et autres sportifs, à chaque sortie, certains se blessent et recourent à l’hôpital pour recoudre une plaie, ou faire la radiographie d’une entorse, quand les sauveteurs ne doivent pas les transporter par hélicoptère! Les filières de soins sont saturées, et c’est un devoir civique de réduire la charge que chacun représente potentiellement dès qu’il prend une initiative, qui s’avère être une prise de risque.

Enfin, et surtout, nous devons garder à l’esprit que nous sommes peut-être le vecteur du virus SARS-CoV-2, et qu’un simple crachat en courant, ou l’appui sur un lampadaire, ou des mains posées sur un banc, sur un caddy, la manipulation des légumes dans un étal, peuvent à notre insu être la cause de la contamination par le SARS-CoV-2 de quelqu’un qui passera derrière nous, et qui pourra contracter à son tour la Covid-19.

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Dr Claire Condemine-Piron Présentation de l’auteur


[1] https://academic.oup.com/jid/advance-article/doi/10.1093/infdis/jiaa077/5739751

[2] https://www.nejm.org/doi/pdf/10.1056/NEJMoa2002032?articleTools=true

[2] [1] https://academic.oup.com/jid/advance-article/doi/10.1093/infdis/jiaa077/5739751

[3] https://www.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/prepare/prevention.html?CDC_AA_refVal=https%3A%2F%2Fwww.cdc.gov%2Fcoronavirus%2F2019-ncov%2Fabout%2Fprevention.html

[4] https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1879625717301773

[5] https://www.news.com.au/travel/travel-updates/health-safety/how-to-stay-safe-on-a-plane-amid-the-global-coronavirus-outbreak/news-story/a0301cdd91575024b80961d78bfcb1c7

[6] https://www.la-croix.com/Monde/Asie-et-Oceanie/Taiwan-gere-coronavirus-facon-exemplaire-2020-03-06-1201082441

[7] https://www.wired.com/story/they-say-coronavirus-isnt-airborne-but-its-definitely-borne-by-air/?utm_source=Nature+Briefing&utm_campaign=e09b649635-briefing-dy-20200317&utm_medium=email&utm_term=0_c9dfd39373-e09b649635-44487729

[8] https://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/hfds/Documents/doctrine_de_protection_des_travailleurs_face_aux_maladies_hautement_pathogenes_a_transmission_respiratoire.pdf

[9] https://www.lemonde.fr/international/article/2020/03/21/le-denigrement-du-masque-en-europe-suscite-la-consternation-en-asie_6033926_3210.html?fbclid=IwAR2rTpmRFeQqLo_MxWiaegIO6MRGz2rOrSlfWJii7kjK9nrq8mulUwUPYsU

[10] https://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/hfds/Documents/doctrine_de_protection_des_travailleurs_face_aux_maladies_hautement_pathogenes_a_transmission_respiratoire.pdf

[11] https://blogs.mediapart.fr/pierre-jacques-raybaud/blog/020320/coronavirus-recommandations-et-inhalation

[12] https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMc2004973?query=featured_home

[13] https://www.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/infection-control/hcp-hand-sanitizer.html

[14] https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2020.03.08.982637v1

[15] https://harvardmagazine.com/2007/03/the-sars-scare.htmlEven more perplexing was a super-spreading event that occurred at the Amoy Gardens apartment complex in Hong Kong, where 329 residents became infected with SARS. Michael Farzan ’82, G ’92, Ph.D. ’97, an HMS assistant professor of microbiology and molecular genetics who studies the mechanism that viruses use to enter cells, remembers vividly a graphic of one of the buildings that was published at the time: “The infection was spreading vertically in the building between apartments that were stacked on top of one of another in a column.” This was very strange, he says: if the virus was being transmitted by a respiratory route, “the expected pattern of infection should have been by floor,” horizontally. The outbreak was traced to one man who had been undergoing kidney dialysis at a local hospital and was staying at his brother’s apartment. The patient’s symptoms included fever and diarrhea. Investigators found that plumbing in the building was likely to blame for the virus’s unusual transmission pattern: drain traps in the shower floors were either dry, faulty, or missing. When residents turned on bathroom fans, this sucked air from the common waste drainpipe into their living space. Virus in droplets or aerosol from the victim’s stool entered other apartments with these ambient air currents. This demonstrated that the virus could infect people via the fecal-oral route as well as the respiratory route, and became the working hypothesis for most of the transmission that occurred in the building, Block E, where the man stayed”.

[16] https://www.epa.gov/pesticide-registration/list-n-disinfectants-use-against-sars-cov-2

[17] https://europepmc.org/article/med/15350737The virus was inactivated by ultraviolet light (UV) at 254 nm, heat treatment of 65 degrees C or greater, alkaline (pH > 12) or acidic (pH < 3) conditions, formalin and glutaraldehyde treatments”.

[18] https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1879625717301773

[19] https://europepmc.org/article/med/15350737